vendredi 22 juillet 2011 à 13h
Colloque des UEEH 2011
Réflexion autour des oppressions Race / Genre :
À l'intersection des oppressions, quelles solidarités ? Quelles luttes ?
de 13 h à 19 h 30
Entrée libre et gratuite (vous pouvez arriver à tout moment).
Le colloque des UEEH 2011 abordera les questions des croisements et intersectionnalité des oppressions et des luttes autour de la Race et du Genre (identité de genre, sexualités...).
La réflexion autour de ces thèmes est primordiale et l'est d'autant plus que la France connaît actuellement une déferlante raciste et islamophobe assez impressionnante. Et bien souvent les causes féministes et/ou LGBT sont mises en avant et instrumentalisées à des fins racistes et/ou sécuritaires (cf. expulsions, déchéance de la nationalité, loi sur le niqab, loi sur le voile...)
L'idée est aussi de mettre à bas la norme blanche universalisante en y opposant une analyse matérialiste des systèmes de dominations. Tout cela, bien sur des points de vue de personnes concernées. Ainsi touTEs les intervenantEs sont des personnes racisées (des femmes, des lesbiennes et des mecs trans...)
Nous avons essayé de diversifier les interventions et de faire en sorte qu'il y ait un équilibre entre intervenantEs universitaires et non-universitaires, sans hiérarchie dans la valeur accordée aux unes ou aux autres.
Bien sûr, une place sera laissée à la discussion.
Programme
Horia Kebabza : Racisme, blanchité et système de privilèges
La plupart des discussions sur les inégalités et les discriminations se concentre uniquement sur les victimes du racisme (du sexisme, etc.). Il est possible d'inverser le processus consistant à regarder uniquement les victimes, pour nous centrer sur les bénéficiaires de ces systèmes, et leurs privilèges associés.
L'objectif est de révéler des normes dominantes et invisibles de la société, dans la mesure où les groupes dominants utilisent les institutions afin de rendre socialement acceptables un certain nombre d'inégalités.
Horia Kebabza est sociologue.
Assia El sali Bellil : La Préhistoire, outil de lutte ou d'oppression ? De la naturalisation des catégories de genre
La préhistoire véhicule des représentations qui expliquent et justifient les normes d'aujourd'hui. Elle propose un ordre social genré préhistorique si viable et performant qu'il légitimerait la société européenne moderne raciste, sexiste et classiste. L'image de l'homme blanc conquérant agrippant sa compagne par les cheveux pour la ramener à la grotte est-elle construite et à quels fins ?
Les Gender Studies en Préhistoire sont quasi inexistantes et le genre, étudié comme la race fut traitée en son temps par les sciences (de l'évolution, humaines, sociales) à savoir de façon partisane. Alors, qu'en est-il de la part entre mythes et réalités de la vie des femmes à l'époque préhistorique ? Qu'en est-il des catégories de sexe et de genre en Préhistoire ? Quelles causalités existent-ils avec les sociétés inégalitaires actuelles ?
Assia El sali Bellil est préhistorienne de formation et militante racialisée féministe queer.
Les Lesbians of Color : Être une "Lesbienne of color" en France
L'urgence d'un espace à soi en créant un espace d'expressions lesbiennes of color, non mixte, politique et activiste de lesbiennes portant leurs connaissances individuelles et collectives au service d'une position lesbienne of color. Un activisme de rue pour la construction d'alliances visant une visibilité de lutte et d'analyses lesbiennes politiques.
Les Lesbiennes of Color sont un collectif militant de lesbiennes racisées. Le collectif s'est crée, il y a un an à Paris.
Nacira Guénif : Autour de son ouvrage Les féministes et le garçon arabe
Depuis un peu plus d'une dizaine d'années, les débats sur le sexisme en banlieue et le port du foulard à l'école ont suscité, parmi les intellectuelLEs, les journalistes, les politiques ou les militantEs, de nombreuses professions de foi féministes. Nacira Guénif-Souilamas et Eric Macé incitent, dans ce livre, à ne pas se réjouir trop vite face à ce qu'ilLEs appellent le « féminisme républicain ». Un féminisme plus enclin à s'attaquer à son nouvel ennemi consensuel, le "garçon arabe" qui "voile et viole les filles", qu'à lutter contre les discriminations sexistes persistantes dans la société française. Cette figure détestable du "garçon arabe" qui serait étranger à la modernité fait ainsi paraître à bon compte le société française contemporaine et ceux qui la dirigent comme éclairés. Ce féminisme par lequel on encense aujourd'hui l'émancipation des femmes « occidentales » tout en stigmatisant la « culture musulmane » ou « des banlieues » entretient finalement un racisme que les auteurs qualifient de « vertueux ».
Nacira Guénif-Soulamas est sociologue.
June et Anakin : Réflexions sur un féminisme trans-versal
L'intervention portera sur les spécificités, les questionnements et en outre les difficultés qu'entrainent un parcours de personne trans masculine et racisée à l'intérieur du/des milieux féministes (l'analyse se centrera sur le milieu anarcho-libertaire-autonome celui dont ils sont le plus proche).
Avec une petite présentation de leurs parcours respectifs et du chemin parcouru vers une conscientisation et une politisation de leurs racialisations. Pour ensuite continuer vers une analyse de la place ultra minoritaire qu'occupent les trans masculin racisés dans le/les féminismes anarcho-libertaire-autonome. Et enfin sera abordée la complexité à construire une masculinité trans en tant que féministe et en tant que personne racisée.
June et Anakin sont des militants trans féministes racisés.