thème : travail
Réagir (0)EnvoyeriCalPartager

jeudi 14 janvier 2016 à 18h

L'expansion des robots dans nos métiers : craindre la rivalité ou penser la complémentarité ?

Conférence-débat avec François Bugeon, informaticien, et Julien Mattern, sociologue

TECHNOlogos Marseille-Aix

Les robots prolifèrent dans nos vies et en premier lieu dans nos lieux de travail : pratiquement tous les secteurs d'activité sont visés. Selon une récente expertise, plus de trois millions d'emplois en France seront touchés en 2025. Or paradoxalement, le phénomène n'indigne pas plus les citoyens qu'il n'atterre les économistes. En toute candeur, ceux-ci estiment que, moyennant un minimum de réactivité et d'anticipation, les créations d'emplois peuvent toujours compenser les pertes et que, de toutes manières, le remplacement d'un homme par un robot est une bonne chose en soi : "si un travail est pénible, confions-le au second afin que le premier se consacre à de nobles tâches".

Supporterons-nous encore longtemps ce genre d'argument ? En quoi la réalité prouve t-elle en effet que l'on sait faire preuve de réactivité et d'anticipation pour conjurer le chômage de masse ? Et combien sommes-nous à réaliser que les "progrès" en matière d'intelligence artificielle permettent aux robots d'effectuer non plus seulement des tâches d'exécution mais aussi, sans cesse davantage, les nobles tâches du travail qualifié ?

De plus en plus rapprochés, les "cycles d'innovation" analysés au siècle dernier par l'économiste Schumpeter prennent la forme d'un flux constant. Il devient de plus en plus ardu de s'y adapter, au point que quelques uns - au risque de passer pour des oiseaux de mauvais augure - estiment que les ingénieurs sont eux aussi condamnés et que la conception de nouvelles high tech sera elle-même déléguée un jour aux algorithmes.

Depuis près d'un siècle, le mythe du robot prenant l'ascendant sur l'homme nourrit la science-fiction tandis que les économistes, sociologues, philosophes, politiciens et experts de tous bords élaborent mille autres fictions pour nier la pertinence de ce mythe. Dans le sillage du médiatique Jeremy Rifkin, certains trouvent même à se réjouir de "la fin du travail" et à croire que les plates formes internet nous ferons entrer bientôt dans l'ère de l'économie collaborative, chacun devenant son propre employeur, organisant son travail comme il l'entend.

En annonçant la fin du patronat et du salariat, les prospectivistes de tous poils entretiennent non seulement une naïve technophilie mais l'illusion de la fin des processus de domination et d'aliénation : ils occultent ni plus ni moins le fait que les entreprises high tech sont des propriétés privées, dont les chiffres d'affaires dépassent les PIB de nombreuses nations, et qu'à ce titre elles constituent le meilleur ferment du capitalisme.

Entrée libre

Source : message reçu le 9 janvier