thème : culture
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jeudi 6 février 2014 à 19h

La tentative de coup d'État fasciste du 6 février 1934

Université Populaire du Théâtre Toursky

Conférence d'Annie Lacroix-Riz*

Dans le cadre des Universités Populaires du Théâtre Toursky
Invitation du Théâtre Toursky, de l'Association des amis de Richard Martin et de l'association des Amis de Comaguer

La tentative de coup d'état fasciste du 6 Février 1934. Rappel des faits, quels enseignements en tirer 80 ans plus tard

6 février 1934
La République menacée

Depuis 1922 les fascistes sont au pouvoir en Italie, depuis 1929 la grande crise économique étend ses ravages sur l'Europe, en 1933 le Japon attaque la Chine et s'empare de la Mandchourie et la même année Hitler prend le pouvoir en Allemagne. Il décide aussitôt d'interdire les partis de gauche et les syndicats. En France sur fond de crise économique, la classe dirigeante aspire à un pouvoir fort capable de contenir par tous moyens les revendications populaires. S'inspirant des exemples italien et allemand des groupes posent les fondements d'un régime politique français autoritaire qui mettrait au pas la classe ouvrière française et limiterait l'attrait du régime soviétique qui, de son côté, a évité la crise économique mondiale et a entrepris de transformer le pays en une grande puissance économique et industrielle.

Certains de ces groupes font un travail théorique préparant des plans de transformation de la structure des institutions, d'autres s'occupent de l'organisation de mouvements de masses destinés à devenir, à l'image des chemises noires italiennes et des SA allemands, des troupes de choc contre le mouvement ouvrier, le parti communiste et la gauche.

Ces groupes décident de montrer leur puissance dans une grande manifestation nationale le 6 février 1934 à Paris. Mais la manifestation autorisée prend un tour insurrectionnel quand certains de ses organisateurs décident de prendre d'assaut la Chambre des députés. Cette action n'est pas improvisée et il s'agit donc bien d'une tentative de renversement d'une République vilipendée depuis des années par les forces de droite.

La manifestation dégénère, les forces de l'ordre résistent et font usage de leurs armes, on déplorera une dizaine de morts et plus de 1000 blessés mais la Chambre des députés n'est pas envahie et au moins formellement la République est sauvée.

Le choc a été rude. Dès le lendemain un gouvernement d'union nationale est constitué et Pétain devient Ministre de la Guerre en préfiguration de son futur rôle. Pour la gauche et le mouvement ouvrier l'alerte a été chaude et la riposte au coup de force du 6 février 1934 va ouvrir la voie à la réunification syndicale (CGT et CGTU), à l'alliance entre la SFIO et le Parti Communiste séparés depuis le Congrès de Tours et à la victoire du Front Populaire en 1936.

*Annie Lacroix-Riz, professeur émérite de l'Université Paris VII est, entre autres, l'auteur de Le choix de la défaite ; De Munich à Vichy ; Industriels et banquiers français sous l'occupatio ; L'Histoire contemporaine sous influence.

Source : http://www.millebabords.org/spip.php?article2...