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vendredi 8 mars 2013 à 18h

Manifestation pour les droits des femmes

Amnesty participe à la manifestation du 8 mars pour les droits des femmes

Rejoignez-nous pour exiger la promotion des droits des femmes en compagnie d'un grand nombre d'associations. Vendredi 8 mars aux Mobiles (Métro Réformés) à 18 heures

Azza Hilal agressée par les forces de police en Egypte

L'idée d'une "Journée internationale des femmes" est née des revendications émises dans les manifestations des ouvrières et suffragettes du début du XIXème siècle. En 1910, à Copenhague, à l'occasion de la deuxième conférence de " l'Internationale socialiste des femmes", la proposition d'une "Journée internationale des femmes" par Clara Zetkin, est adoptée. Mais il faudra attendre 1977 pour que les Nations Unies la décrètent et 1982 pour que le Président Mitterrand l'officialise en France.

Ce 8 mars 2013, au moment où l'Europe est en proie à une grave crise économique et sociale, où sévissent chômage, austérité et précarité, nous pouvons nous interroger, d'abord, sur la situation des femmes de ce continent.

Depuis les années 70 où , selon le slogan " le privé est politique", le statut juridique des femmes n'a cessé de progresser. Le code civil napoléonien de 1804, en fixant les règles du droit familial, a organisé la mise sous tutelle des femmes et leur confinement dans l'espace privé de la famille. Pourtant, dès le XIXème siècle, les féministes ont revendiqué des changements de statut juridique, en dénonçant des lois injustes et une absence de politique publique qui n'a fait que perpétuer l'inégalité. A titre d'exemple, on peut citer la loi votée en France, en 1920, qui interdit toute propagande pour la contraception et dénonce l'avortement comme acte criminel. Ce n'est que le 1er janvier 1975, malgré l'opposition du parti au pouvoir, que cette loi de 1920 sera abrogée et l'avortement libéralisé.

En lien avec "le privé est politique" apparaît une série de revendications relatives aux "violences faites aux femmes". Le code pénal sera modifié en 1980, reconnaissant le viol comme un acte criminel, jugé jusque là comme un simple délit. Le viol conjugal, couvert par la notion de "devoir conjugal", est désormais reconnu. Enfin, sous la pression exercée par Amnesty International, en particulier, la déclaration des Nations Unies sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes, signée en décembre 1993, reconnait les violences faites aux femmes comme violation des Droits Humains.

D'autres progrès furent réalisés concernant la revendication des femmes à la prise de décisions et leur demande d'accès au pouvoir. La Déclaration d'Athènes du 3 novembre 1992, signée par les femmes politiques, réunies lors du 1er sommet européen "femmes au pouvoir" et organisé par la Commission Européenne est un document emblématique. Elle définit l'égalité comme un droit humain, exigeant la parité de représentation et d'administration des nations. Les femmes représentant la "moitié des talents et des qualifications", seule une participation équilibrée permettra de prendre en considération la totalité des "intérêts et des besoins".

Malgré l'inscription du principe d'égalité entre les femmes et les hommes dans les traités européens, l'introduction de la parité concernant l'accès aux mandats électoraux et aux fonctions électives, le pourcentage des femmes présentes dans la vie politique est inférieur à celui des hommes. Si la France se classe 4ème pour la participation des femmes au gouvernement, elle n'est que 19ème au parlement pour la représentation féminine.

Malgré des décisions politiques favorables aux femmes, des inégalités persistent dans de nombreux domaines ; il faut encore parvenir à une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, assurer la représentation égale dans la prise de décision, éliminer les stéréotypes de genre, lutter contre les violences et promouvoir l'égalité à l'extérieur de l'Union européenne. C'est probablement ce qui peut expliquer que les Européennes sont plus réticentes que les hommes à l'égard de l'Europe. 42% des femmes reconnaissent que la paix, la protection de l'environnement sont des acquis essentiels mais 39% d'entre elles regrettent que ne soient pas mis en œuvre une vraie politique européenne de l'emploi, de même qu'une organisation des systèmes de protection sanitaires, qui ne concerne pas seulement les questions médicales mais aussi tout ce qui inclut les mesures de sécurité alimentaire. Mais il est intéressant de constater que 64% des Européennes considèrent que l'Europe est un exemple dans le monde pour l'égalité entre les femmes et les hommes.

C'est bien cette revendication d'égalité qui est au cœur des combats menés par toutes les femmes des "printemps arabes", en Tunisie, en Égypte, en Libye et dans d'autres pays du Moyen-Orient, Arabie Saoudite, Qatar ou Yémen . Si la parité sur les listes électorales pour l'élection de l'assemblée constituante du 24 juillet 2011 a été consacrée en Tunisie, elle ne l'a pas été en Égypte. Pourtant "les femmes (y) sont au cœur du changement" mais une longue tradition de discriminations pèse sur elles ; elles sont victimes de violences diverses, la législation sur le statut personnel leur refuse d'avoir les mêmes droits que les hommes en matière de mariage, de divorce, de garde d'enfants ou d'héritage. La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes à laquelle l'Égypte est partie, l'oblige à revoir sa législation.

Il importe à toutes les femmes du monde de permettre à toutes celles qui sont opprimées de devenir citoyennes et femmes autonomes. Il ne s'agit pas seulement d'apporter la critique mais de mener une réflexion sur la façon dont les êtres sociaux, hommes et femmes, sont liés à leur environnement de genre, de classe. Il est urgent de réfléchir à un monde commun où nous nous sentons solidaires, responsables les uns (les unes) des autres, responsables de ce qui compte pour les uns et les autres. En un mot, "contrer la violence des normes qui gouvernent le monde " (Michel Foucault).

Source : http://amnesty-marseille.fr/spip.php?article4...